Alors que ce se multiplient les constats des impasses de la segmentation des dispositifs et des inquiétudes récurrentes quant aux fragmentations des problématiques et soutiens pour les personnes en situation de fragilité, la création de partenariats institutionnels est fortement valorisée dans le champ de l’action sociale

Pour autant  les collaborations restent fragiles et permettent rarement une plus grande transversalité des questionnements et des possibles.

Passer de partenariats institués au développement de coopérations localisées  est très pertinent pour développer de nouvelles capabilités collectives.

Cela suppose l’installation d’un climat de confiance,  l’expérience partagée d’une plus value de la co-construction  et la reconnaissance par les institutions des possibles transformations liées à une culture de la coopération dans le cadre de réseaux constitués.

Ainsi le développement de coopérations localisées donne à voir de possibles émergences de compétences collectives dans des enquêtes et des diagnostics partagés, dans des transformations de postures et de regards pour résoudre des situations concrètes. Parce qu’elles font souvent fi des hiérarchies internes, elles viennent cependant troubler le jeu des partenariats et des enfermements institutionnels et peinent à être reconnues.

La place de l’informalité dans les coopérations est ainsi une sorte de contrepied au déficit de reconnaissance institutionnelle. C’est aussi une dimension essentielle de la coopération et  un ressort démocratique singulier. Néanmoins l’informalisation des pratiques limite sur le moyen terme leur dimension instituante et minore la reconnaissance de la capacité transformatrice des propositions et expériences concrètes. Faire reconnaître des espaces de coopération localisée contributeurs et créatifs apparaît donc comme un enjeu et défi singulier pour l’avenir démocratique des fabriques du social.

Cela suppose l’installation pérenne d’espaces de réflexivité partagée mais aussi la reconnaissance d’un droit explicite à l’expérimentation individuelle et collective pour soutenir ces nouvelles capabilités collectives.

Elles viennent questionner les métiers hérités du social dans la mesure où ce mouvement travaille à de nouvelles professionnalités collectives ( comme le « aller vers » ou l’accompagnement de collectifs). Il est donc inévitablement porteur de nouvelles porosités dans les pratiques sociales mais qui, doivent être associées à une pratique réflexive accrue. Il y a en effet un enjeu important à travailler à une reconnaissances par le haut des nouvelles compétences collectives en germe dans ces métiers de la relation.

Pour poursuivre avec nous …

2022, en écoute mon intervention  Penser et agir des politiques de la coopération, un défi pour les organisations , à la journée du 21 mars 2022 à Redon, organisée par la région Bretagne -coopération des acteurs jeunesse. en écoute https://www.youtube.com/watch?v=CtU9zeU37gA  ou retrouver mon texte en ligne dans Mes publications.

2021, Faire alliance avec les familles dans deux quartiers prioritaires de St Nazaire. L’engagement en présence de professionnels socio-éducatifs, ces expériences du care qui  politisent les pratiques sociales à bas bruit, article écrit en co-autorat avec les professionnel.elle.s engagé.e.s. https://www.calameo.com/books/006709389354a81dcef55

2020, Jusqu’où les recherches actions peuvent elles être citoyennes ? Révéler les épreuves des fabriques du social par une radicalisation de la démocratie, communication au colloque international du GIS Démocratie et Participation, Localiser l’épreuve démocratique, Paris. Maison des Sciences de l’Homme, Saint Denis.

2019, Pourquoi co-opérer ? Faire émerger le sens d’une mobilisation collective, avec Eleonora Banovich, n°4 –décembre, Agencements, Recherches et pratiques sociales en expérimentation, éditions du Commun.

 
 

Soutenir la réflexivité d'un réseau de référent.e.s parentalité

Une  recherche-action coopérative auprès d’un réseau de professionnel.elle.s  de la parentalité est initiée depuis le début de l’année 2021 dans les Côtes d’Armor et pour deux ans. Elle vise à soutenir leur réflexivité alors que les politiques sociales d’accompagnement à la parentalité  restent  floues et protéiformes. La mise en réseau initiée par les CAF interroge les professionnel.elle.s sur leurs références et leur statut dans ces réseaux . La recherche-action coopérative  propose une entrée en recherche qui s’appuiera, entre autre sur une analyse collective des pratiques sociales. Elle permettra aussi au collectif d »expérimenter la coopération pour dégager un espace de co-recherche et  d’identifier des communs  en :

  • s’appuyant sur des pratiques coopératives pour dépasser les limites de partenariats institués ;
  • faisant l’expérience de la coopération pour dégager des communs qui fassent sens ;
  • soutenant une réflexivité collective pour autoriser une infra-politique et développer des capabilités collectives.

Faire émerger des communs et soutenir le droit à l'expérimentation sur les territoires de "la réussite éducative"

Faire alliance avec les familles dans deux quartiers prioritaires de St Nazaire, l’engagement en présence de professionnel.elle.s socio-éducatifs, ces expériences du care qui politisent les pratiques sociales à bas bruit

Nadine Souchard avec les co-chercheur-se-sTouati MERNIZ -Rachel CLAQUIN – Stéphanie GUIHOT – Véronique ACHALLE -Thierry ALBERT -Jean Marie BOCQUET -AgnèsGANDIHLON –
Laetitia MORANTIN- Emilia BETKLIN –Elodie PERRON

Se mettre en recherche

Lʼinquiétude sur la distance et la difficulté dʼétablir des liens avec des familles réputées éloignées des institutions dans des quartiers populaires sont à lʼorigine dʼune recherche- action coopérative qui est la toile de fond de cet article. Cette question de lʼinvisibilité et/ou de la difficulté supposée à adhérer à des propositions institutionnelles est très fréquente aujourdʼhui chez les professionnel.elle.s intervenant dans le champ socio- éducatif et fait écho (sans pour autant se confondre totalement) aux enjeux de lʼactivation sociale comme orientation de plus en plus centrale des politiques sociales des Etats occidentaux (Mezzena, Vranken, 2020). Elle rejoint plus largement les discussions autour de la multiplication de scènes qualifiées de participatives dans les dispositifs publiques dont de nombreux auteurs ont souligné les ambivalences (Gourges, 2013). Mais elle nourrit aussi de nouvelles expériences, des envies dʼagir lorsque des professionnel.elle.s, impliqué.e.s dans une réflexion collective sur le sens de leurs propositions, sʼengagent dans une discussion démocratique (Souchard, 2019).

Cʼest autour de ces enjeux que sʼest nouée notre rencontre en 2018  et que la décision collective a été prise dʼinitier une recherche- action coopérative avec pour objectifs de mettre en discussion des pratiques, des orientations, de dégager des communs, de se doter de petits dispositifs réflexifs pour sʼinterroger mutuellement et imaginer des premières expérimentations… Un espace de co-recherche a donc été installé, hybridant à cette fin les référentiels académique et ceux de lʼéducation populaire. Il a pris la forme dʼateliers coopératifs réguliers pour accompagner le cheminement de professionnel.elle.s volontaires engagé.e.s dans cette démarche avec comme ambition collective dʼinstaller dʼautres rapports sociaux avec les familles de deux quartiers populaires….. PDF Faire Alliance avec les familles