Analyse collective des pratiques sociales

Expliciter et analyser en collectif ses pratiques sociales

Démarches

L’analyse collectives des pratiques sociales se différencie de « l’analyse des pratiques professionnelles ».Cette dernière est principalement centrée sur des situations problèmes rencontrées par les professionnels du social. Ils viennent y chercher des grilles de lecture à orientation psychanalytique et/ou psycho-sociale pour dénouer des interactions problématiques dans lesquelles ils sont pris en tant que sujet.

Agencements : renouer le faire et le dire sur le faire. Les échanges professionnels privilégient les finalités et les objectifs poursuivis au détriment d’une expression des pratiques sociales du quotidien.

Ces dernières restent le plus souvent implicites, indicibles, voire invisibilisées. Leur expression est d’autant plus importante que nos propres subjectivités sont de plus en plus sollicitées dans la résolution de situations, dans les interactions que nous développons entre pairs et avec les personnes accompagnées.

Donner de la voix aux actions c’est, dans un espace de confiance, penser la clinique de l’activité dans une dimension plurielle et collective.

Questionner les conditions et modalités de l’agir professionnel dans les métiers ou activités de la relation. L’analyse des pratiques sociales prend acte de la place de nos subjectivités individuelles et collectives dans nos actions quotidiennes. Elle s’inscrit dans une lecture sociologique et une démarche ethnographique d’approches des situations du quotidien.

Elle part de plusieurs constats :

– la référence à des métiers, à des récits instituants ne suffit plus pour donner à voir les modalités et orientations concrètes des actions ;

– pourtant les pratiques sociales sont au cœur de la clinique de l’activité : elles ont une orientation socialisatrice, particulièrement dans les métiers et activités centrées sur la relation ;

– les pratiques sont également sociales au sens où elles ne sont pas seulement le produit des subjectivités mais elles sont bien inscrites dans des registres expérientiels où le personnel et le professionnel sont de plus en plus imbriqués. En cela elles sont socialisées.

Nos propositions

Développer l’analyse des pratiques sociales c’est ouvrir une clinique de l’activité, du réel qui soit réflexive, critique et contributive.

Cela suppose :

  • de poser la clinique de l’activité, comme une clinique du social (et non pas du sujet) ;
  • de permettre aux acteurs de se reconnaître dans ce qu’ils font. Nous constatons que la distance au travail concret tend à se creuser alors que «  l’imaginaire social qui combine individualisme et désinstitutionnalisation gagne du terrain laissant chacun seul au prise avec l’organisation et ses représentants » (Y. Clot, 2015).
  • de nourrir la possibilité de transformation des pratiques pour développer le pouvoir d’agir des professionnels, des acteurs associatifs
  • d’installer un espace de confiance dégagé des enjeux plus managériaux ;
  • de nourrir la coopération par des pratiques d’animation sociale ;

Stimuler des pratiques d’écriture pour donner voix aux pratiques

Des ateliers coopératifs réguliers d’une demi-journée vont accompagner un collectif dans un travail d’explicitation et de formalisation de ses pratiques sur au minimum 6 ateliers dans une régularité qui peut être mensuelle.

Cette mise en mots des pratiques est propice à une réflexivité collective sur le sens des  actions, sur d’éventuelles expérimentations voire transformations sociales qu’un collectif souhaite initier.

Mettre en mots permet de renforcer, d’abord à l’intérieur des collectifs,  le sens de l’agir, mais cela permet aussi, à l’extérieur, d’être plus explicite dans des orientations  et des positionnements.

Donner corps à des pratiques sociales mais aussi accompagner des expérimentations grâce à :

– des propositions d’écriture de courts récits descriptifs tout au long de l’accompagnement : quelque soit son rapport à l’écriture, chacun acquiert une forme d’aisance pour retranscrire des situations ordinaires de travail ;

– des ateliers croisés d’explicitation et de formalisation des pratiques ;

–   un soutien à la schématisation qui vient  mettre en discussion, pratiques et visées de l’organisation ;

–    des animations sociales pour soutenir le passage à des expérimentations…

–   des comptes rendus réguliers qui donnent à voir la construction progressive et

collective  de pratiques sociales qui sont en mise en discussion…

Pour poursuivre…

Bernard Lahire, 1998, Le « faire » et le « dire sur le faire », Recherche et Formation, n°27

Bertrand Ravon, 2012/2, Refaire parler le métier. Le travail d’équipe pluridisciplinaire : réflexivité, controverse, accordage », Nouvelle Revue Psycho-sociale, n°4, P.116-121.

Bertrand Ravon, 2009/3, L’extension de l’analyse de la pratique au risque de la professionnalité, Empan, n°75, p. 116-121.

Bertrand Ravon et Pierre Vidal-Naquet, « L’épreuve de professionnalité : de la dynamique d’usure à la dynamique réflexive », SociologieS [En ligne], Dossiers, Relation d’aide et de soin et épreuves de professionnalité, mis en ligne le 16 juin 2016, consulté le 18 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/5363

Bertrand Ravon, et Pierre Vidal-Naquet. « Les épreuves de professionnalité, entre auto-mandat et délibération collective. L’exemple du travail social », Rhizome, vol. 67, no. 1, 2018, pp. 74-81.

Marc-Henry Soulet, « Le travail social, une activité d’auto-conception professionnelle en situation d’incertitude », SociologieS [En ligne], Dossiers, Relation d’aide et de soin et épreuves de professionnalité, mis en ligne le 16 juin 2016, consulté le 18 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/5553

Didier Vrancken D., Le nouvel ordre protectionnel. De la protection sociale à la sollicitude publique, Parangon/Vs, 2010.

Nos expériences en analyse collective de pratiques sociales

– Animation d’ateliers coopératifs d’analyse des pratiques sociales dans le cadre de formations diplômantes (DHEPS Reps et DEIS). Les formations que nous avons accompagnées pendant une 15 d’années étaient organisées autour de l’expression et de la mise en discussion collective des pratiques sociales à travers des récits d’orientations ethnographiques.

  • Accompagnement des équipes des Espaces Solidaires de Cherbourg autour d’une transformation des pratiques sociales d’animation sociale sur l’espace public

2015 : formation-expérimentation auprès des animateurs des espaces solidaires de Cherbourg afin de situer les pratiques participatives et d’expérimenter des pratiques d’aller-vers sur l’espace public (analyse de pratiques, apports formatifs, accompagnement des expérimentations)

  • Accompagnement d’une expérimentation en protection de l’enfance, Diaz, à la Fondation Massé-Trévidy ; 

2016-2017, Soutenir l’analyse et l’expérimentation de pratiques professionnelles novatrices en protection de l’enfance, recherche-action formative pour la Fondation Massé-Trévidy, Quimper.

  • Accompagnement d’éducateurs en prévention spécialisé dans la lecture réflexive de leurs pratiques sociales

2016 : Formation-action auprès de l’équipe de l’équipe de prévention spécialisée de la Fondation Massé-Trévidy dans l’évolution de ses pratiques de diagnostic et d’expérimentation

2011-2012 : coordination d’une formation-action auprès des services de prévention spécialisée sur le diagnostic de positionnement auprès des équipes de prévention spécialisée de Fougères (AP2E) et de St Malo (Le Goeland).

2009-2010 : coordination d’une formation-action auprès des services de prévention spécialisée sur le diagnostic de positionnement auprès de l’équipe rennaise du Relais